Au fils du temps et Grande Rue Péra

Au fils du temps ou j’ai découvert que mon arrière-grand-père Polycarpe était un photographe les plus diversifiés du Moyen Orient je n’ai eu de cesse de découvrir des photographies de Sébah-Joaillier et aujourd’hui avec l’aimable participation de mon cousin Fabrizio CASARETTO vivant en Turquie, je vous fais découvrir des photos et éventuellement ses commentaires de la vie d’hier et d’aujourd’hui.

Ne dit on pas que souvent les photographies disparaissent et reviennent par des chemins mystérieux.

1062. Grande Rue de Pera. 1910s.

Péra est l'extension de la ville génoise de Galata et signifie, en grec "au-delà". La colline où se situe le quartier, est urbanisée depuis le XVIe siècle, ce qui en fait le plus "jeune" des anciens quartiers centraux.

Bien que le nom soit un peu désuet, on l'utilise encore pour désigner toute la partie comprise entre les places du Tünel et du Taksim. La mairie, s'appelle officiellement Beyoğlu et comprend également l'ensemble de Galata et toute la partie comprise entre Kabataş (palais de Dolmabahçe), Kasımpaşa et Hasköy, sur la rive nord de la Corne d'Or.

Péra est l'une des parties les plus importantes du centre historique d'Istanbul et certainement la plus vivante, tandis que les quartiers modernes de la métropole la cernent sur trois cotés, elle est reliée au reste de la vieille ville par le pont de Galata.

Le quartier de Péra était au début du XXe la fierté de la ville. Ambassades, prestigieuses écoles, immeubles bourgeois, théâtres, cinémas, restaurants et tavernes, c’est ici que la bonne société stambouliote vivait et sortait, dans se qu'on voulait voir comme le “Paris oriental”.

Péra devint le fief de puissantes familles latines, mais la Révolution turque mit fin non seulement aux privilèges des étrangers et des minoritaires, mais aussi au rôle de capitale qu’exerçait Istanbul jusqu’en 1923.

Dans les années 30 une première vague d’habitants quitta ce quartier pour s’établir dans de nouvelles surfaces urbanisées au nord, (Pancaldi, Bomonti, Şişli, etc.). Puis les évènements de septembre 1955, précipiteront le départ (forcé) en masse des Grecs de toute la ville et naturellement de Péra, où ils étaient nombreux, surtout à Cihangir, Taksim, Fındıklı, Sormagir (orthodoxes) et Çukurcuma (gréco-catholiques). Les Latins quittèrent aussi Péra en masse, entre 1964 et 1974. Certains, pour de nouveaux quartiers au Nord, à l'Est et à l'Ouest de l'agglomération stambouliote, mais la plupart, pour l'étranger.
Entre 1980 et 1990, Péra présentait un triste état de délabrement, où il était difficile d'imaginer la splendeur passée au travers des immeubles dégradés, ceux-là mêmes qui avaient fait la fierté d’Istanbul..

Aujourd’hui Péra a refait peau neuve grâce, en partie, à l’association du quartier fondée par Monsieur Vitali Hakko, et qui milite pour le classement des façades et des immeubles comme patrimoine national.
L’ancienne Grand’Rue de Péra – İstiklal Caddesi -, qui relie la place du Tünel à celle du Taksim en passant par celle de Galatasaray, est une voie piétonne où seul le vieux tramway circule.

C’est ici que toute la jeunesse de la ville se montre. C’est ici que survivent aussi les vieilles traditions de notre ville. Il faut se rendre dans le marché au Poissons de Galatasaray en soirée pour se rendre compte de la joie de vivre des Stambouliotes ou du coté de la rue Abdullah, près de l'église Aya Triada.
De la petite place de Galatasaray à celle du Tünel en passant par les Petits-Champs (Tepebaşı), c'est une population un peu mondaine qui s'y donne rendez-vous, tandis qu'entre le lycée francophone de Galatasaray et la place du Taksim, la population est plus mélangée et les bars et tavernes, plus populaires.

Bien que Péra fasse partie du centre historique d’Istanbul, son nouveau cap est la modernité en gardant un cachet des “Années Folles”. Les nouveaux quartiers ne présentent jamais cette dualité; ils ressemblent à n’importe quelle ville moderne du reste de l’Europe avec leurs avenues, leurs supermarchés et leurs tours de verre.

Quant au vieux “Stamboul”, désigné souvent par erreur sous le nom de “Sultanahmet”, bien qu’ayant un cachet ancien et oriental, il n’offre pas d’endroits attractifs pour les Stambouliotes et reste désert le soir venu.






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